Thèmes de recherche

Mon domaine de recherche principal concerne les questions liées à ce qu’on regroupe sous le terme de Grand Partage (pensée magique/pensée scientifique) et notamment sur les sujets qu’on désigne volontiers sous les termes de pseudosciences, de fake news ou de théories du complot.    

Dans le cadre de ce thème, j’ai beaucoup étudié les controverses sur les parasciences et notamment sur l’ufologie (étude des ovnis).

Mais je m’intéresse de plus en plus aux bouleversements introduits par la crise écologique dans les catégories traditionnelles de sciences et de « fausses sciences ». En effet on constate un divorce de plus en plus important entre une partie des scientifiques (par exemple les chercheurs du GIEC, Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat) et une partie des élites politiques, économiques et aussi une partie des scientifiques qui travaillent pour de grandes compagnies industrielles (Monsanto etc). Ce divorce présente notamment comme caractéristique de conduire les acteurs pris dans les débats sur l’écologie à s’opposer en utilisant le vocabulaire, les arguments et les catégories qui servaient jusqu’ici à décrire les « croyances populaires », l’irrationnel et les pseudosciences. Aujourd’hui une bonne partie des chefs d’Etats de grands pays occidentaux sont accusés de diffuser de fausses informations sur la crise climatique (en défendant par exemple l’idée qu’écologie et capitalisme sont compatibles) et ils reprennent en retour contre le public, contre les associations écologistes et contre un certain nombre d’experts des accusations de « ne plus aimer la vérité », ou de diffuser des « fake news », c’est à dire des accusations qui étaient limitées jusqu’ici aux débats sur les « fausses sciences » ou sur certains thèmes scientifiques particuliers (comme les débats sur la Mémoire de l’eau par exemple).

Cette « extension du domaine de l’argumentation sur l’irrationnel » bouleverse totalement la géographie des débats qui existaient jusqu’ici entre les scientifiques et les diverses catégories d’experts qui interviennent sur les questions liées au changement climatique et jusqu’aux acteurs politiques et économiques. Malheureusement j’ai constaté que très peu de sociologues travaillent sur ces bouleversements car ils sont eux-mêmes souvent pris dans ces débats et utilisent ces arguments comme outil de description des « fake news » ou des « théories du complot » au lieu de décrire leurs conditions d’émergences et d’utilisation.

J’étudie ces thèmes à partir de la description et de l’analyse de la construction des catégories et des régimes de preuve ainsi qu’en étudiant les manières dont les images sont utilisées pour construire ces preuves (ce qui peut aller des images scientifiques, comme les photos des missions Apollo, des images satellites de la terre dans les débats sur la terre plate, des images d’attentats comme ceux du 11 septembre ou d’autres types d’images liées à tel ou tel événement qui fait l’objet de contestation: Roswell, Zone 51 et plus généralement les controverses sur ce que les sociologues des sciences appellent les « anomalies scientifiques »).